L’histoire d’amour entre Charlotte Casiraghi, la fille de la princesse Caroline de Monaco, et l’écrivain français Nicolas Mathieu ne cesse de faire parler d’elle. Si leur complicité semble évidente lors de leurs apparitions publiques ou dans les rares confidences évoquées dans les médias, cette relation ne fait pas l’unanimité, surtout au sein de la famille princière monégasque. En particulier, la princesse Caroline elle-même paraît réserver un accueil pour le moins froid à cette romance jugée décalée.
Selon le média allemand Faz, les différences de classes sociales et de parcours entre les deux amoureux seraient à l’origine des tensions. Nicolas Mathieu, lauréat du prix Goncourt 2018 pour son roman Leurs enfants après eux, vient d’un milieu populaire de l’est de la France. Il a souvent expliqué en interview avoir passé sa vie à tenter de s’émanciper de ses origines sociales, notamment par l’écriture. Cette volonté affirmée de rompre avec ses racines et de revendiquer une pensée de gauche assumée, parfois très critique envers les institutions, aurait mal passé dans l’entourage royal.
La princesse Caroline, figure traditionnelle de la famille Grimaldi, verrait d’un mauvais oeil les opinions politiques de l’écrivain, qu’elle considère peut-être comme incompatibles avec les valeurs de discrétion, de stabilité et de neutralité que le rocher souhaite conserver. La distance manifestée par Charlotte Casiraghi, qui n’a jamais confirmé officiellement sa relation avec Nicolas Mathieu, pourrait donc s’expliquer non seulement par une volonté de protéger leur vie privée, mais aussi par des tensions internes. D’ailleurs, certains observateurs de la cour estiment que cette histoire n’est pas simplement une affaire de coeur, mais aussi un véritable choc culturel.
Le journal Le Monde souligne que ce ne sont pas les Monégasques qui ont été le plus déstabilisés par cette romance, mais plutôt les lecteurs fidèles de Nicolas Mathieu. Ce dernier s’est toujours présenté comme la voix des classes populaires, un auteur du “peuple” qui dénonce les inégalités sociales et les effets pervers du capitalisme. Le voir en couple avec une héritière du gotha européen a surpris, voire choqué certains de ses fans, qui y voient une forme de contradiction, voire de trahison symbolique.
Michel Ambarek, auteur de romans noirs, a commenté avec ironie sur Facebook : « Même Bourdieu en resterait sans voix », faisant référence au sociologue français qui a largement théorisé la reproduction sociale et la difficulté de changer de classe. Il ajoute, avec un sarcasme mordant : « Écrire, c’est mentir avec les honneurs de la littérature ».
Charlotte Casiraghi, souvent présentée comme une intello chic, passionnée de philosophie et égérie de Chanel, a toujours aimé brouiller les codes. Sa relation avec Nicolas Mathieu pourrait donc être perçue comme une extension de cette posture anticonformiste. Mais cette posture a un prix, surtout quand on est liée à une dynastie aussi scrutée que celle des Grimaldi. L’équilibre entre vie publique et aspirations personnelles est toujours fragile, et Charlotte semble en faire l’expérience une fois de plus.
Quoi qu’il en soit, cette romance alimente les discussions dans les cercles littéraires autant que dans les couloirs du palais princier. Entre admiration, scepticisme et critiques, elle rappelle combien les histoires d’amour qui traversent les frontières sociales ne laissent jamais indifférents. Et au-delà du conte moderne que certains voudraient y voir, c’est peut-être une parabole de notre époque : celle où l’amour et l’identité sociale se rencontrent parfois, mais ne se réconcilient pas toujours.